Quels positionnements possibles pour les professionnels de l’aménagement et de la construction ?
Extraits de la réunion du 20.07.21 du groupe Territoires frugaux Notre dernière réunion avant la pause estivale a abordé, à plusieurs voix et tout en bienveillance, un sujet ‘chaud’, voire brûlant d’actualités : celui des résistances citoyennes et associatives à certains projets d’aménagement ou de construction (1), et de nos positionnements possibles, en tant que professionnels de l’aménagement et de la construction, dans ces résistances…
Pour ce portrait polyphonique, Ivan Fouquet, architecte et associé de la Scop FAIR (2) , avait invité plusieurs interlocuteurs, qui ont permis d’échanger sur des perspectives différentes, mais toutes engagées, sur le sujet. – A travers la présentation de son implication dans la controverse sur l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Ivan Fouquet nous donne à voir la figure d’un architecte engagé depuis sa posture professionnelle, mettant – bénévolement – ses compétences professionnelles au service des collectifs en lutte, en aidant à décrypter le projet contré, en contribuant à des contre-expertises, et en participant à la production et à la communication d’un récit alternatif. – Raphaël Pauschitz et Martin Paquot, ‘rhapsodes’ de la revue Topophile, relaient sur leurs pages plusieurs résistances, et leurs analyses (3). S’ils en appellent, au minimum, à « ne plus charretter pour un monde délétère »(4), ils proposent également d’aller sur place rencontrer les collectifs des ZAD (Zones à Défendre), que ce soit pour se rendre compte par soi-même, pour participer aux débats organisés, ou pour mettre la main à la paille d’un rempart frugal, comme à la JAD (Jardins à défendre) d’Aubervilliers ou à Zaclay. Ils présentent ainsi plusieurs manières de lutter, de blocages en création d’alternatives pérennes – ainsi au travers des initiatives des « Soulèvements de la terre »(5) et des « Appels à agir contre la réintoxication du monde »(6), ou autour du hameau de La Baraque en Belgique. – Jade Lindgaard (7) est auteure et journaliste à Mediapart où elle mène un travail d’enquête sur les questions environnementales, sur l’écologie urbaine et sur le nucléaire. Ayant couvert de nombreuses luttes en France et en Europe, elle alerte néanmoins sur le fait qu’il serait vain de penser que ces seuls collectifs citoyens en lutte puissent suffire à défendre nos territoires. Elle souligne aussi que, outre les questions écologiques, nos professions devraient se trouver interpelées par la question du rapport aux habitants, qui voient débarquer sur leurs territoires des projets qui ne sont pas pensés avec eux, et ni même pour eux. – Thomas Lesperrier est coordinateur du réseau Territoires & Mobilités durables au sein de l’association FNE France Nature Environnement (8). Il souligne également la difficile mobilisation des citoyens, et lance la question des liens qui pourraient être établis entre les collectifs de ‘simples citoyens’, et des architectes urbanistes paysagistes disposés à les aider.
(1) Cf la carte des luttes contre les « grands projets inutiles » : https://reporterre.net/La-carte-des-l… (2) Sur la SCOP FAIR « Fabrique d’Architectures Innovantes et Responsables », voir https://www.fair.archi/ et également leur blog sur Médiapart : https://blogs.mediapart.fr/scopfair/blog (3) À lire dans Topophile, une série de papiers sur la ZAD: https://topophile.net/savoir/consider… et suites ; https://topophile.net/savoir/architec… ; https://topophile.net/savoir/quatriem… (4) https://topophile.net/savoir/ne-charr… (5) https://lessoulevementsdelaterre.org/ (6) https://agir17.noblogs.org/ (7) Jade Lindgaard a écrit plusieurs livres, dont : Eloge des mauvaises herbes, Ce que nous devons à la ZAD (Les Liens qui libèrent, 2018), Je crise climatique : La Planète, ma chaudière et moi (La Découverte, 2014). Parmi ses articles dans Mediapart : https://www.mediapart.fr/journal/fran… ; https://www.mediapart.fr/journal/fran… (8) France Nature Environnement est la fédération française de plus de 5000 associations de protection de la nature et de l’environnement. Impliquée dans le débat public, elle cherche à sensibiliser, à alerter et à proposer des solutions. Elle participe chaque année à plus de 200 instances nationales de concertation, et défend devant la justice les intérêts de l’environnement dans plus d’une centaine d’affaires. Cf https://fne.asso.fr/