Frugalité heureuse & créative
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31/01/2023, 4ème AG de l’Association de la Frugalité heureuse et créative
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31/01/2023, 4ème AG de l’Association de la Frugalité heureuse et créative

Le rapport moral, par Alain Bornarel

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Le Manifeste pour une Frugalité heureuse et créative dans l’architecture et l’aménagement des territoires urbains et ruraux a été lancé le 18 janvier 2018, il y a juste cinq ans. A ce jour, il a recueilli 15 000 signatures, provenant de tous les départements français de métropole et d’outremer et de 91 autres pays. Les deux tiers des signataires sont des professionnels du bâtiment ou de l’urbanisme. Les 33 groupes nationaux, locaux ou thématiques ont une activité régulière ; une vingtaine d’autres sont actifs de façon plus sporadique.

Représentant toutes les disciplines de la construction et de l’urbanisme, les signataires du Manifeste sont des acteurs qui réalisent, sur le terrain, la métamorphose de l’acte de bâtir et le ménagement des territoires. Ces pratiques sont encore loin d’être majoritaires mais elles sont sorties de la marginalité. Les principes bioclimatiques, les matériaux biosourcés, géosourcés et de réemploi ont acquis une légitimité face aux standards des dernières décennies.

2022, la frugalité s’impose comme alternative

Sur le terrain comme dans le champ des idées, la frugalité s’impose comme une alternative crédible en architecture, en urbanisme et pour le paysage. C’est le résultat des différentes activités du Mouvement, notamment en 2022.

La promotion du livre « Commune frugale »

La parution, en mars, de notre ouvrage collectif Commune frugale – La révolution du ménagement chez Actes Sud a été suivie d’une trentaine de réunions de présentation du livre dans des librairies ou à d’autres occasions. Ces manifestations se sont tenues majoritairement dans des villes moyennes ou petites réparties sur tout le territoire.

Les rencontres de Bordeaux

Du 24 au 26 juin se sont déroulées les troisièmes rencontres de la Frugalité heureuse et créative, à Bordeaux, avec la participation de 215 glaneuses et glaneurs. Le vendredi 24, le groupe local, animé par Gauthier, avait organisé neuf circuits de visite d’exemples inspirants. Le samedi matin, quelques un.es d’entre nous dialoguaient avec de grands témoins : Christine Leconte, Thierry Salomon, Alberto Magnaghi, Pierre Hurmic. Ces Dialogues de la Frugalité ont été construits autour de plusieurs thèmes : Faut-il encore construire ? Sobriété ou frugalité ? Commune frugale et biorégion. Un hommage à Pierre Lajus a ensuite mis en valeur le travail de ce pionnier bordelais. L’après-midi, 12 ateliers ont prolongé ces échanges. Enfin, le dimanche matin, la parole a été donnée aux membres actifs des groupes de la Frugalité.

La frugalité communique

La Lettre de la Frugalité, dont le numéro 69 a été envoyé en décembre 2022, est devenue régulière et mensuelle en octobre dernier grâce à la persévérance de Marion, Luc et Marguerite-Marie. Le nouveau site internet de la Frugalité, fruit des efforts de Pierre-Adrien, Raphaël et Marion rejoints par Carole, et les actes de Bordeaux, concoctés par Luc et Marguerite-Marie, ont été bouclés à la fin de l’année et sont désormais disponibles.

La collection « Architecture frugale »

L’objectif de la collection « Architecture frugale », sous la houlette de Dominique, est de mettre en valeur, pour chaque région française, des bâtiments et aménagements frugaux inspirants. En 2022, deux nouveaux ouvrages dédiés aux régions Auvergne-Rhône-Alpes et Occitanie ont été publiés. Consacrés à la réhabilitation, ils s’ajoutent aux deux livres édités les années précédentes (Provence-Alpes-Côte d’Azur et Grand Est). D’autres sont en préparation pour les Hauts-de-France, la Nouvelle-Aquitaine et la Bourgogne-Franche-Comté.

La cartographie des ressources locales

Cet énorme travail, commencé par le groupe frugalité Lorraine sur sa région et géré au niveau national par Aude, est une mobilisation collaborative des membres de l’association, des signataires du manifeste, des compétences professionnelles et de la société civile et d’autres institutions (Fibois, centres de ressources du réseau Bâtiment Durable, etc.)

Quelle stratégie pour demain ?

Depuis sa naissance il y a cinq ans, le mouvement de la Frugalité veut rassembler les bâtisseurs qui, sur le terrain, réalisent la transformation écologique en œuvre dans leurs projets. Il s’est fixé plusieurs objectifs : organiser les échanges d’expérience, épauler les professionnels dans leurs innovations et donner de la lisibilité aux opérations inspirantes. Petit à petit, nous construisons ainsi ce « bâtir et ménager frugal » qui nous apparait comme la réponse adaptée aux enjeux de demain.

Changer de stratégie

Mais l’accélération du dérèglement climatique observé de jour en jour depuis cet été, l’échec des COP Climat et Biodiversité, le retour en force des impasses productivistes et consuméristes, nous imposent de repenser cette stratégie. Face à l’urgence, nous n’avons plus le temps de faire la preuve que nos solutions sont les bonnes et d’attendre qu’elles sortent de la marginalité et que les décideurs, enfin convaincus, les adoptent. Il ne suffit plus de démontrer, de sensibiliser, de convaincre, de réclamer, il faut FAIRE. Il ne suffit plus de quémander auprès des décideurs, il faut leur tordre le bras tout en dialoguant avec les citoyens afin qu’ils appuient notre action.

Le geste le plus significatif que nous pouvons faire en tant que bâtisseuses et bâtisseurs, c’est de dire NON. Non à l’artificialisation des sols sous toutes ses formes ; non aux circuits longs, non au béton, là où il n’est pas indispensable ; non au PVC ; non aux technologies sophistiquées…

Construire des alliances

Dans ce combat, nous ne sommes pas seuls. Certains prescripteurs communaux et des collectivités métropolitaines se réveillent et réfléchissent à des chartes, en référence au label Frugalité bordelais. Nous avons là des alliés objectifs, conscients qu’il faut renouveler la production massive d’offre au cœur des villes et des métropoles, toucher les maires, les bousculer. Nous pouvons leur apporter notre expérience.

Dans le tissu associatif, nous pourrions créer des synergies avec plusieurs autres mouvements. Avec negaWatt, nous avons beaucoup de valeurs communes, notamment sur la question de la sobriété et sur le nucléaire. Il en va de même avec le collectif Paysages de l’après-pétrole à l’échelle du territoire. À travers leurs oasis, les Colibris construisent la même alternative que nous en mobilisant les acteurs de la société civile, alors que nous touchons surtout les professionnels. Les Soulèvements de la Terre et d’autres associations locales luttent contre les grands travaux inutiles ; nous pouvons mettre nos compétences professionnelles à leur disposition. Sans oublier les filières organisées du « nouveau BTP » (bois-terre-paille) dont nous sommes proches depuis longtemps.

Décupler nos moyens

Malheureusement, une telle stratégie se heurte aux limites du bénévolat. Il nous a permis bien des avancées et reste le mode de participation de la totalité d’entre nous aux activités du Mouvement. Mais il ne permet pas de passer à la vitesse supérieure. Un.e salarié.e nous soulagerait de toutes ces tâches matérielles chronophages. Le budget actuel de l’association ne permet pas d’envisager une embauche. C’est pourquoi la recherche de subventions, engagée par Marguerite-Marie, est une étape préalable indispensable.

Il faut conclure sur l’organisation statutaire de notre association. Elle a un cadre classique d’association loi 1901, mais ne fonctionne pas comme tel, car ce sont les groupes locaux et thématiques qui constituent le cœur de l’activité du Mouvement. Le conseil d’administration de l’association est aussi le collectif de coordination des groupes. C’est lui, et non le bureau, qui est l’organe décisionnaire de l’association. Le CA élu lors de cette assemblée générale aura comme tâche de mettre en cohérence le fonctionnement réel et l’organisation statutaire de l’association.

Plus d’infos sur l’association et son conseil collégial